Les Deux Champs et l'Anon
Il était une fois deux champs,
L'un était tout rempli de ronces et de buissons,
Couvert d'herbes séchées, de cailloux, de chardons,
Rien à se mettre sous la dent !
Le second, riverain, était différent,
Bordé d'une clôture où sentait le chèvrefeuille.
Il étalait partout pour le plaisir de l’œil,
Son tapis de velours semé de pâquerettes,
Jusqu'au bord d'un ruisseau où poussait la violette.
Dans le premier des champs,
Un ânon gris penchait la tête tristement,
Il ne parvenait pas à trouver sa pâture,
Son cœur était aigri et rempli de murmures,
Que je suis malheureux ! proclamaient ses braiments.
Il regardait de loin, à travers la clôture
Le tapis de velours au vert étincelant.
Et son chagrin alors
N'en était que plus fort !
C'est qu'il n'avait pas vu notre petit ânon.
Mais que pouvait-il voir ? Ses larmes l'aveuglaient !
C'est qu'il n'avait pas vu, cachée dans la verdure,
La porte grande ouverte qui de loin l'appelait.
Cet ânon, quelquefois,
Me fait penser à moi !
Du champ du désespoir où s'afflige mon âme
Je ne vois pas Jésus qui tout près me réclame
Comme il réclamé l'ânon de Béthanie qui, un jour, le porta.
Qu'avait-il fait de plus que moi ?
Petit ânon, ne veux-tu pas changer de place ?
Au champ de la promesse, il te presse d'entrer.
Il faudrait être un âne pour ne pas l'écouter !
Michèle Laporte
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